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fleche  fleche

Bollog s'arrête de fumer


Si vous voulez, vous aussi, vous arrêter de fumer, lisez les péripéties qui attendent ceux qui prennent (sagement) ce genre de décisions...

B
ollog s'est rendu chez son médecin. Non, non, ne vous inquiétez pas, il va bien ! C'est du moins ce qu'il a dit à sa femme, mais madame Bollog a insisté :
- Tu fumes trop ! Tu ronfles en crachotant des parasites, tu tousses comme si tu raclais du violon et tu as le teint d'une endive surgelée...

Face à l'homme en blouse blanche qui, après l'avoir examiné, lui dit de se rhabiller, Bollog est confiant : des pastilles pour adoucir sa gorge, un sirop pour clarifier sa respiration et tout rentrera dans l'ordre.
Le médecin regarde longuement les radios des poumons, et se rassied :
- Dites-moi, qui cuisine chez vous ?
- Euh ? Ma femme...
- Vous souvenez-vous d'un plat qu'elle aurait brûlé ?

Bollog rigole en douce : voilà donc ce qui ne va pas ! Il ne pourra jamais oublier les rognons de bœuf que sa femme avait oubliés sur le feu. Pour lui faire plaisir, il avait tout de même goûté au plat, surmonté une vague nausée, et avait fait des efforts louables pour ne pas recracher aussitôt ! C'est donc cela qui l'a rendu malade ! Ah ! ah ! ah !
- Ah ! ah ! ah ! Si je m'en souviens ? Avant-hier, elle avait préparé des rognons de bœuf aux petits oignons, sauce madère... Pendant la cuisson, elle avait répondu au téléphone pour parler avec sa meilleure copine, et... je vous laisse imaginer la suite !
Le médecin semble trouver l'épisode fort drôle et encourage Bollog à continuer.
- À quoi ressemblait le plat ?
Complètement détendu, Bollog se dit que la femme du médecin doit être, elle aussi, une piètre cuisinière. "Cela le console sûrement de savoir que d'autres types souffrent des humeurs culinaires versatiles de leurs femmes !"
- Ah ! ah ! ah ! À quoi ça ressemblait ? À rien ! Une horreur ! De la viande calcinée, noire, du goudron répugnant, un cataclysme nauséabond, une abomination culinaire !
Le toubib sourit largement, se lève, prend l'une des radios et la claque sur le bureau :
- Eh bien, c'est exactement à cela que ressemblent vos poumons ! À des rognons de bœuf tout carbonisés ! Et si vous n'arrêtez pas vite de fumer, vous ne ferez pas long feu...

Du coup, Bollog ne rit plus du tout. Il s'étrangle, sent que son coeur bat à toute vitesse dans une écoeurante sauce noire où surnagent quelques dépouilles loqueteuses peu ragoûtantes...

Le lendemain, il a pris sa décision : il va arrêter de fumer. Il sort son paquet de sa poche et, d'un geste héroïque, le jette à la poubelle.
Chez lui, il a averti tout le monde de sa détermination : Pépé Bollog, Mémé Bollog et Bollog junior se montrent fort heureux et lui promettent de l'épauler.
Quant à madame Bollog, c'est une autre histoire, elle sait qu'elle va passer des moments... difficiles...
Effectivement, cela ne fait pas une heure que Bollog a jeté ses cigarettes que déjà il se montre nerveux et agacé. Mille fois en une heure il met la main dans sa poche comme s'il espérait y trouver un mégot oublié, agite ses doigts avec contrariété.
Il s'en prend à son fils, à sa femme, accumule les reproches, confisque un paquet de bonbons qu'il mâchouille furieusement et finit en un quart d'heure.
Il va, vient, retourne, repart, crispé d'amertumes, s'apitoyant sur son triste sort.
Il prend le journal mais ne réussit pas fixer son attention ; il finit par le rouler en boule en pestant contre les politiciens, les journalistes, les reporters sportifs, les chiens écrasés et même la dame de l'horoscope : "Pffff... pas fichus d'écrire quelque chose d'intéressant !"
Il sort "prendre l'air", revient dix minutes après, encore plus exaspéré, rouge de révolte : "Fallait que ça m'arrive, à MOI !"
Madame Bollog essaie de le calmer ; elle est aux petits soins avec lui et accepte d'ores et déjà toutes les concessions qu'elle refusait ce matin encore :
- Si tu veux, nous irons au cinéma où passe ce film de guerre que tu avais tellement envie de voir...
- ...
- Tu sais, l'argent que j'avais mis de côté pour la petite robe qui m'allait si bien, tu peux le prendre pour réserver une place au stade pour le prochain match de ton Club...
- ...
- Et puis, cet été nous irons à la mer ! Tu as raison, ces vacances à la montagne finissent par être fatigantes...
- ...

Rien n'y fait ! Pire, Bollog la regarde à présent avec un regard funeste assez semblable à celui qu'on a lorsqu'on découvre le percepteur des impôts derrière sa porte. Il lui dit :
- Tout cela, c'est de ta faute !
- Hein ?
- Parfaitement ! C'est à cause de toi ! Rien ne serait arrivé si tu avais été capable de cuisiner des rognons de bœuf sans les brûler !



"Chaque fois que tu allumeras une cigarette, médite. Ou bien tu fumeras moins, ou bien tu vas beaucoup méditer."
Louise Leblanc, Le Sang de l'or

"Celui qui n'arrive pas à arrêter la cigarette, qu'il essaie d'arrêter les allumettes ; c'est moins dur et c'est aussi bien."
Philippe Geluck

"C'est facile d'arrêter de fumer, j'arrête 20 fois par jour."
Oscar Wilde

"Une fripouille est un opportuniste qui utilise la crédulité des gens pour les manipuler et qui sait en tirer profit à grandes doses de mauvaise foi. Un bollog, quoi..."

Opportunisme :
D'après Larousse, opportun est issu du latin opportunus qui signifie "qui conduit au port".
"L'opportunisme est l'attitude consistant à régler sa conduite selon les circonstances du moment, que l'on cherche à utiliser toujours au mieux de ses intérêts."
Alors, pourquoi "qui conduit au port" ? Y a-t-il un rapport avec "bien mener sa barque" ou savoir "d'où souffle le vent" ?
En tout cas les opportunistes arrivent souvent à bon port et se fichent bien de ceux qui se sont noyés en leur servant de bouée...
(Voir "Mots bizarres")


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