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fleche  fleche

Bollog et le téléphone portable


Bollog est accro à la "petite-boîte-qui-parle", un intoxiqué de la radiotéléphonie et adore les technologies d'avant-garde.

D
evant ses amis, il se plaît à vanter ses dernières acquisitions. Comment ? David n'a pas encore de DVXX ? (Lui non plus d'ailleurs, mais il ne l'avouera pour rien au monde.)
"Que pensez-vous du Pentium 14 ?"
Bollog peut en parler pendant des heures. Avec ses amis, ils compareront les atouts des programmes X sur les programmes Y, vanteront la supériorité de la production japonaise face à l'allemande, favoriseront une marque à une autre...
Bien entendu, Bollog possède un téléphone portable. Que dis-je ? Des portables : un pour parler à l'étranger, un pour les connexions Internet, un pour converser avec ses proches, un pour le boulot, etc.
Avez-vous remarqué l'une des particularités des gens qui se servent d'un téléphone portable ? L'oreille collée à l'engin, ils viennent de quitter la planète et sont entrés dans un monde parallèle. Isolés dans une bulle, autistes, ils n'ont plus aucune conscience de ce qui se passe autour d'eux, absents, ils voguent, eux, leur portable et l'interlocuteur.
Tel le bébé et sa tétine, le drogué et sa came, l'alcoolo et son pinard, Bollog est intoxiqué au portable... Il ne peut s'en séparer. Malgré cette dépendance, il est à remarquer que lorsque l'appareil sonne, il râle, jure qu'il rêve de se débarrasser de ces infâmes machines... "Zut, on n'est jamais tranquille..."
Quelle blague ! Suggérez-lui de bloquer la sonnerie, comme ça, pour voir...
- Ah non ! Il n'en est pas question ! Vous ne vous rendez pas compte ! Je risque de louper une communication hyper-giga-importante !
S'il n'y a personne au bout du sans-fil, qu'à cela ne tienne. Il passera de longs et passionnants moments à changer la sonnerie, à modifier le volume du timbre, l'heure, à entrer ou à effacer des noms sur son répertoire, à tenter de battre ses records à l'un des jeux. Le portable ne sonne pas ? Il le décrochera de sa ceinture toutes les cinq minutes afin de vérifier si le numéro d'un potentiel interlocuteur n'est pas inscrit.
Si vous prenez l'autobus ou tout autre moyen de transport en commun, vous avez dû surprendre plus d'une fois cette singularité : une sonnerie de portable retentit, et à la même seconde, en même temps, tous les passagers plongent vers leur propre appareil...
Tout aussi étrange et fréquent, le fait suivant : situons ce phénomène aux abords du bureau de la secrétaire de la firme X. Bollog vient de se présenter, il a rendez-vous avec le PDG, et la secrétaire l'a prié de patienter quelques instants. Elle se concentre à présent sur son ordinateur, elle a une montagne de travail et il faut qu'elle finisse ce courrier au plus vite. (Si seulement elle pouvait finir et sortir plus tôt, elle pourrait vite se serrer dans les bras de son amant... Ahhh!)
Bollog fait les cent pas dans le couloir. Dring... dring...
Bollog sort le portable de son porte-documents et répond. La secrétaire a entendu la sonnerie, elle redoute déjà la suite : elle sait ce qui va se passer. Effectivement ! Bollog, qui se trouvait à plusieurs longs mètres, va subrepticement se rapprocher d'elle en parlant. Arrivé à hauteur de son souffle, il ne décollera plus de l'endroit et elle aura les oreilles vrillées par ses commentaires énoncés d'une voix forte :
- Mais nnnon ! Je vous avais pourtant recommandé d'envoyer le dossier au client... Un fax ? Ouiii... Ouiii... Ouiii... Ah nnnon ! Ahhh ? Bien ! Bon ! Je signerai dès mon retour... Bien entenduuu... D'accooord...
Etc, etc.
Et elle, tintin, elle ne pourra plus la faire, sa lettre...

Droits d'auteur ©nikibar.com 2006 - Reproduction, traduction, adaptation, interdits sans le consentement de l'auteur.

Bollog dans une bulle
"57% des français sont contre l'utilisation du téléphone portable dans les lieux publics ; si on ne peut l'utiliser que chez soi, ça ne sert à rien de l'avoir inventé !"
Laurent Ruquier

"Je hais les téléphones portables, je hais Sagan, je hais Baudelaire et tous ces charlatans. Je hais mon orgueil."
Anna Gavalda, Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part

"Le téléphone portable est un signe extérieur de détresse."
Pascal Sevran, Tous les bonheurs sont provisoires

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