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bouton   Texte proposé par Caramelmou

Le caramel qu'il était en train de faire passer avec volupté d'un côté à l'autre de sa bouche, depuis 5 bonnes minutes, se retrouva soudain sur sa langue et commença à descendre vers sa gorge. Sigismond bondit sur ses pieds en hoquetant, les joues rouges, un jus hyper sucré, collant et marron dégoulinant de ses lèvres. Dans un sursaut désespéré et quelque peu grotesque, il réussit à expulser le reste de caramel et se laissa choir sur le canapé d'Alpaga d'un blanc immaculé de Svetana. Un sourire béat lui vint, il soupira d'aise et porta sa main à son visage, en un geste qui semblait vouloir dire : "Oh ! Ce n'est pas possible, quelle andouille je suis !..." Il se dit que prendre son mouchoir dans sa poche serait une bonne idée. Il s'affaira à essayer d'introduire sa main collante dans la poche de son pantalon. Son index sentit le tissu du mouchoir, forma un crochet et ramena son sauveur à l'air libre. Le boulon plein de cambouis qu'il avait, l'après-midi même, enfermé dans le joli mouchoir blanc emprunté à sa mère, glissa doucement sur la surface blanche du canapé et tomba dans le verre en cristal de Bavière de sa voisine. L'inévitable se produisit, déclenchant un élégant fracas, suivi du bruit sourd du boulon sur le parquet en châtaigner bleu de Hongrie. Sigismond eut une moue boudeuse, un petit sourire complice avec lui-même et rejeta d'un mouvement de tête négligeant sa mèche blonde qui était tombée sur son oeil gauche.
C'est alors seulement qu'il comprit ce que son subconscient essayait désespérément de lui crier dans les neurones depuis un moment : il n'était pas seul. Pas un bruit cependant ne parvenait à ses oreilles. En fait, il s'était tellement absorbé dans le machouillement, quasiment lubrique, de son caramel, qu'il avait complètement oublié Svetana et ses autres invités.
Sa bouche s'ouvrit, ses yeux s'arrondirent de stupéfaction et ses épaules s'affaissèrent. Fébrilement il tenta d'essuyer ses lèvres collantes, avec son mouchoir graisseux, mais il ne parvint qu'à étaler jus de caramel et graisse noire sur son visage rougi par la gêne. Son regard tomba alors sur le canapé qui avait reçu un postillon de caramel. Dans un geste plein de bonne volonté il tenta d'effacer cette preuve de sa maladresse avec son mouchoir...
Un cri de désespoir retentit alors dans l'assistance, suivi d'un mouvement de foule et de cris : "Maman, maman ! Attention, elle se sent mal !..."
En effet, les nerfs de Madame Grognofief venaient de céder. Svetana se précipita vers la forme imposante qui reposait sur le sol, telle un cétacé sur une plage d'Andernos. D'un geste preste, elle défit le corsage de sa mère, toujours beaucoup trop serré et quasi instantanément, celle-ci se retrouva debout, le rouge aux joues, droite comme un I, les mains fébrilement occupées à remettre les boutons de nacre opalescente dans leurs trous respectifs.
"Rien ne me fera jamais apprécier un futur gendre aussi... aussi... aussi... " souffla-t-elle méchamment, comme un énorme félin ivre de colère devant une souris perdue pour lui.
La foule des invités suivit madame Mère et bientôt Svetana et Sigismond se retrouvèrent seuls. Seuls au monde, seuls dans leur monde, seuls hors d'un monde qui n'était pas le leur. Svetana prit les joues de Sigismond dans ses jolies mains fines et mima un bisou qu'elle se garda bien de lui donner, pour ne pas tacher son joli bustier en dentelle au point de Tulle, réalisé par sa tante Marinette, la soeur de son pauvre père.
"Sigismond, tu sais à quel point je t'aime, mais vraiment il faudrait que tu fasses quelques efforts pour amadouer ma mère. Et je pense que tu ne t'y prends pas comme il faut... Ecoute, nous allons essayer autre chose : tu sais que Maman aime beaucoup les chats et qu'elle participe avec son chat MisterBadDeal au prochain concours de Brive, près de chez tante Marinette. Nous pouvons nous faire inviter par ma tante et ce n'est qu'à 3 heures de route. Et voilà ce que toi, tu vas essayer de faire d'ici là..." (auteur)
Sigismond écouta sa fiancé en bâillant discrètement. Et d'un, il détestait les chats ! Et de deux, il haïssait les complots dans lesquels elle voulait l'entraîner. Il y a de cela trois semaines environ, elle avait réussi à lui faire exécuter une mise en scène très douteuse.
Il avait téléphoné à madame Mère en jouant le rôle d'un professeur de l'Université où Svetana faisait ses études. Madame Grognofief avait promis à sa fille qu'elle aurait une nouvelle voiture dès qu'elle obtiendrait des résultats plus probants dans ses études. Svetana s'était dit que si sa mère entendait qu'un professeur louait ses efforts, elle obtiendrait plus facilement les clés de la voiture tant convoitée.
Le scénario était simple. Lorsque la maman de Svetana décrocha le téléphone, Sigismond demanda à parler à Svetana.
- Elle n'est pas là, répondit Madame Grognofief. C'est de la part de qui ?
- Oh, quel dommage ! Je suis son professeur de Lettres et je voulais la féliciter pour le travail qu'elle a fait ce trimestre. Un travail remarquable, vraiment remarquable...
- Vous êtes son professeur de Lettres ?
- Oui, chère madame, et votre fille est une élève très douée, vous devez être fière d'elle !
- Dites-moi, si déjà je vous ai au téléphone, comment se fait-il que vous ne présentiez ni Balzac, ni Zola, ni Flaubert, ni Stendhal dans votre programme littéraire ?
- Ah ? Euh... Si, si, bien sûr...
- Et Proust ? Comment ma fille passera-t-elle son master si elle ne connaît pas Proust ?
- Madame, je peux vous assurer que votre fille connaît très bien Proust, elle a tout lu de lui !
- Vous en êtes sûr ?
Madame Grognofief semblait étonnée :
- C'est bizarre, je n'ai vu aucun livre de Proust dans sa chambre. Elle n'a jamais touché ceux que nous avons dans la bibiothèque, "Du côté de chez Swann"...
- Swann aussi est au programme, elle a lu tous ses livres !
- ...
Vous pouvez imaginer la suite. Sigismond se rendit vite compte de sa méprise et raccrocha aussitôt. Madame Grognofief l'avait soupçonné d'être le pincipal acteur de cette mise en scène mais, en l'absence de preuves, elle se contentait de grogner lorsqu'ils étaient en présence l'un de l'autre. (auteur)
Sigismond était un jeune homme un peu efféminé, presque imberbe, à la peau toute rose. Il aimait Mozart par-dessus tout et se prenait parfois pour son incarnation. (auteur)
Mais de Mozart il ne présentait qu'un bien pâle reflet, à peine une ombre pathétique. Il n'avait de génie qu'en jeux de société et particulièrement au Monopoly. Sans que cela ait développé des qualités en vente immobilière : l'argent lui coulait entre les doigts sans qu'il sache le retenir et préférait emprunter à ses copains qu'économiser ou ne pas dépenser.
Svetlana l'avait choisi pour se débarrasser d'une emprise maternelle qui lui pesait, en sachant que Sigismond ne présenterait aucun obstacle : cette lavette ferait ses quatre volontés et elle aura vite fait de mettre un terme à son futur mariage... (auteur)

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bouton   Alléger le texte : trop de détails rendent la lecture malaisée.
bouton   Remarque : on peut introduire un passage entre deux autres déjà écrits...
bouton   Chaque auteur peut corriger ultérieurement son propre texte ou suggérer une autre version à l'un des participants.
bouton   Attention : lisez bien le texte qui précède avant de composer la suite afin que le récit reste cohérent.
Participants : Caramelmou, L'Amalo, Kobalt, naïma

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