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Nous allons écrire ensemble...

1ère histoire :

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Dernier paragraphe ajouté

Il faisait beau ce jour-là et rien ne laissait prévoir ce qui allait m'arriver...
Je m'étais levée la tête claire, les idées aiguisées et j'avais envie de sortir, de marcher, de sentir le vent doux et la lumière dorée sur mon visage... C'est donc ce que je fis, sifflotant de contentement, heureuse de sentir mon corps respirer et fusionner avec la nature.
Je venais d'arriver au bout d'un petit bois lorsque le loup en sortit.
Mais alors Zorro est arrivé... En fait, son vrai nom était Jules Roseau, postier, veuf, et un peu débile de son état.
Et Jules, était un condensé de l'Homme avec un grand "H". On pourrait presque croire que Pascal pensait à Jules en écrivant : "L'homme n'est qu'un Roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un Roseau pensant". Le loup, en voyant Jules, ne fit ni une, ni deux, non, il fit demi-tour, le poil hérissé et vert de peur.
Je restai seule face à Jules. Il m'avait sauvé la vie, je devais le remercier :
- Merci, lui dis-je.
- De rien, c'était un petit loup, il n'vous aurait pas mangée.
Je me sentis un peu vexée.
- Tout de même... Il n'était pas si petit que cela !
- Mais si. J'crois ben même que j'ai reconnu le chien du père Ronais.
Qu'est-ce qu'il m'agaçait ce type ; à présent j'avais hâte de le quitter. Ma promenade était fichue, je voulais rentrer chez moi.
- J'vous accompagne ! déclara Roseau.
Tout le village savait que le postier était un peu débile, mais avoir un postier timbré n'était pas peu la fierté des habitants qui étaient heureux de contribuer ainsi à son insertion dans la société. En rentrant vers ma maison je devais forcément passer devant chez lui. Il habitait une jolie maisonnette, en pierre des carrières locales, recouverte de lierre. Tout cela donnait au bureau de poste un certain cachet...
Chemin faisant, Jules me raconta les voyages virtuels qu'il effectuait en lisant les cartes postales qu'il délivrait dans les boîtes aux lettres du village.
- Mais ça ne se fait pas !
J'étais profondément choquée et je lui expliquais que c'était très incorrect de lire du courrier qui ne lui était pas adressé. Il prit mal mon intervention :
- Ça ne se fait pas, ça ne se fait pas..., bougonnait-il, vous en avez des bonnes vous ! Faut quand même bien que je fasse passer le temps ! Parfois, je dois faire des trois kilomètres de marche pour apporter une lettre.
- Passez votre temps à autre chose, je ne sais pas, moi... passez-le à réfléchir !
- Ben... Réfléchir ? Quelle drôle d'idée ! À quoi ?
- À quoi ? À la vie, aux grands mouvements antinomiques de l'humanité, aux méandres et à l'ambiguïté de la culture collective ou encore, pensez au temps qui passe, c'est un bon passe-temps ça !
- Le temps n'passera pas plus vite pour autant !
Pourtant, la pensée qu'il pourrait réfléchir au temps qui passe pour faire passer le temps le rendait perplexe...
- Tout de même, dit-il après une maigre réflexion, en voilà donc un drôle de passe-temps : penser ! Pensez donc !
- Ah ? Cela ne vous arrive jamais ?
- Ben non, je ne suis qu'un postier un peu débile, un peu timbré, je distribue des lettres mais je n'en ai pas, et des cartes, et je ne le suis pas...
- Descartes ?
- Quelles cartes ? Vous savez, je ne suis pas un gros joueur, de temps en temps, je ne dis pas, et puis, je perds toujours...
- Allez, ne vous laissez pas aller.
Du fait Jules Roseau, se redressa et, alors que nous sortions de la forêt de chênes et passions à proximité d'une fontaine, déclara :
- Je plie, ok, et j'ai le dos rond, d'accord...
- Nous sommes presque arrivés : voici le rond-point.
- Oui, c'est cela ! Je ne romps point.
Nous étions arrivés à l'entrée de Coco-les-Oies, le village où nous habitions. C'est une petite bourgade animée et pimpante où les habitants se connaissent tous.
Un appel se fit entendre : "Ohé ? Ohé ?" Survint alors la mère Michelle : "J'ai perdu mon chat... comme d'habitude ! V'z'avez pas vu Mirza ? Je le cherche partout !"
Tous les jours nous entendions les mêmes cris de la Mère Michelle, nous n'y faisions même plus attention. Et comme tous les jours, c'est l'épicier, un homme rigolard que nous surnommions Lustucru, qui lui a répondu de sa voix bourrue : "Allez la mère Michelle, votre chat n'est pas perdu..."
Lorsque l'on vit dans un village, chacun connaît chacun, personne n'a de secret pour personne, tout se sait, tout se raconte.
Tout se sait ? Pas sûr... Un personnage échappait à cette règle et intriguait tous les villageois. Jean Némard, un jeune homme d'une trentaine d'années, habitait le village depuis plus de dix ans : après la mort de son oncle, c'est lui qui avait hérité de la ferme familiale et l'avait transformée en auberge. Les habitants du village n'avait pas vu cette succession d'un bon oeil et soupçonnait Jean Némard de toutes sortes de forfaitures. On disait que l'auberge était le lieu de rendez-vous de bandits et qu'il s'y tramait des complots terribles...
Justement, Jean Némard avec son air louche débusqua brusquement de derrière la barrière, nous regarda longuement sans dire un mot et s'en alla, comme s'il fuyait...
Le facteur prit un air gêné et s'excusa en marmonnant dans sa moustache un vague aurevoir et je me retrouvais seule. Je pris la route principale, "vous ne pouvez pas vous tromper, c'est toujours tout droit..."
Je marchais encore après ce périple... C'est alors que je remarquai que j'avais oublié les clefs et qu'en partant ce matin j'avais claqué la porte...
Il ne me restait plus qu'une solution : téléphoner à mon ami qui possède un trousseau. Je fouillais dans mon sac... "Non, ce n'est pas cela, c'est mon paquet de mouchoirs... Ahhh !"
Je sentis au bout de ma main une forme rectangulaire en matière plastique et me sentis soulagée. Je sortis l'objet mais, grande déception, l'objet n'était pas mon téléphone portable, mais la télécommande du poste de télé. Je m'étais trompée...
Oui, il ya des jours comme ça, des jours où l'on sort de chez soi vêtu du rideau du salon sans qu'on le remarque, des jours où la tête est toute encombrée de mottes de terre, des jours où rien ne va...
Néanmoins, c'était aussi le jour des hasards surprenants. Alors que j'étais submergée de désespoir, une voix un peu grise s'écria derrière moi : "Attendez, vous avez du courrier !"
Jules Roseau, toujours bien-pensant, venait me délivrer mon courrier.
Oh, bien sûr, il pourrait s'agir d'une facture, d'un avis d'huissier, de l'annonce du décès d'un proche, que sais-je ? Mais, quelque chose au fond de moi me disait qu'il s'agissait d'une bonne nouvelle...
Je cogitais sur le contenu de cette simple lettre tout au long du chemin. Je ne sais trop comment je me suis retrouvée devant la maison, mais au moment même où une vilaine petite voix chantait dans ma tête et sur l'air des lampions : "Tu n'as pas tes clés, tu n'as pas tes clés, tu n'as...", un rayon de soleil illumina la cruche en résine synthétique amalgamée dans laquelle je laissais toujours de l'eau pour les oiseaux.
La vilaine petite voix se tut aussitôt et fit place à une marche triomphante : "ta-da-da-da, ta-da-da-da, ta-da-da-da !..."
Je venais juste de me souvenir que j'avais laissé une clé de mon verrou sous la cruche, pour Meuyeu le jardinier, venu tailler ma haie de tronifères au printemps ! Le coeur chaviré par la bonne nouvelle, je me suis précipitée sur la cruche, j'ai saisi la petite clé à peine rouillée et c'est ainsi que j'ai pu rentrer enfin chez moi, après toutes ces émotions...
J'ai posé sur le bibus de l'entrée la lettre, que je pressentais porteuse de bonne nouvelle. Je me suis efforcée de respirer lentement, profondément, jusqu'à ce que mon cœur s'apaise. Alors seulement, après avoir enfilé mes charentaises à tête de nounours, j'ai repris l'enveloppe graisseuse. Lentement, les doigts gourds de trop d'émotion, j'ai défait la bande collante qui est venue sans résistance. Et j'ai déplié le papier à carreaux 50 x 50, sans marge, sur lequel étaient écrits les quelques mots qui allaient changer toute ma vie.
"Ma chère petite, tu dois être étonnée d'avoir de mes nouvelles, après tout ce temps pendant lequel tu as pu me croire morte. Mais je tenais à ce que tu profites, toi aussi, du bonheur qui m'arrive.
Tu sais que ton oncle Timoléon a passé toute sa vie à faire des recherches, mais tu ignorais l'objet de ces recherches, car elles étaient en fait "trop secrètes", comme il disait souvent. Le jour où il est mort, les gens pour lesquels il travaillait sont venus récupérer tous ses documents ; moi j'ai fait l'innocente, en disant que je ne connaissais rien à rien et qu'ils pouvaient bien faire tout ce qu'ils voulaient avec ces papiers. Je leur ai demandé simplement de me laisser son ordinateur. Ils ont fait des copies de son contenu, ils l'ont formaté et m'ont dit que je n'avais qu'à installer Linux, çà ne me coûterait pas un sou. Ils sont partis. Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que Timoléon avait trouvé une formule qu'il gardait secrète. Il n'avait rien voulu me dire, même à moi.
Tu sais qu'il avait installé des toilettes à litière bio-maîtrisée, dans la cabane au fond du jardin. C'est là qu'il aimait venir se reposer. Je l'entendais chanter et parler tout seul. Tu sais combien je l'aimais ton oncle ! Mais je me suis dit que le jour où il partirait, je n'aurais aucun souvenir de lui.
Tu sais aussi que je bricole pas mal. Il m'a assez souvent reproché de ne pas broder ou cuisiner comme les autres femmes, et d'avoir toujours les mains dans le cambouis ou la graisse de baleine... Alors j'ai collé, sous le distributeur de papier, un magnétophone miniature à puce perpétuelle à déclenchement vocal... Mais c'est seulement quelques semaines après sa mort, que j'ai pensé à aller l'écouter... Et j'ai tout découvert sur sa recherche secrète... Il s'agit en fait de la plus..."
La lettre s'arrêtait là. Je me sentais groggy, comme si on m'avait assené un grand coup sur la tête. Je relis la lettre une seconde fois, comme si cela pouvait réactiver l'écriture de tante Mimine. Je repris l'enveloppe, espérant qu'un autre feuillet serait resté coincé. Nenni ! Cependant, tout n'était pas perdu, il y avait une adresse au dos de l'enveloppe : une visite chez ma tante pourrait éclaircir ce mystère...
C'est à ce moment-là que le téléphone sonna.
- Allô ?
- On sait pour la lettre ! alors, si vous tenez à votre tante...
- Qui êtes-vous ?
Mais ils avaient raccroché bien sûr.
Et si c'était ce débile de facteur, le Roseau pensant ? Il avait très bien pu lire la lettre et peut-être même subtiliser la deuxième page. (monique szczebara)
Ni une ni deux, je pris mon téléphone, posais la télécommande de la télé (...), mon trousseau de clés, mon Taser préféré (le rose), celui que je savais rechargé. Je mis l'enveloppe et la lettre dans ma poche.
Pris les 100 euros de ma boîte pour le casino (je me promis de les y remettre bien vite). En route, bonne troupe !
Un. Le débile. Il n'était pas loin, car il lisait lentement et en cette saison il y avait beaucoup de cartes postales.
- T'as ouvert ma lettre ?
- Hein, quoi ?
- T'as ouvert ma lettre ordure et tu fais l'innocent ! Je vais te faire passer l'envie de me piquer mon courrier, moi !
Je lui décoche un coup de pied. Il recule, surpris, éberlué. Là, je me dis que j'ai fait une bêtise... Je pars sans m'excuser, sans explication. Je saute dans ma caisse, direction Cachan. Ca n'allait pas se passer comme ça.
Deux. Trouver la tante, et la formule. La tante, pas difficile, sans doute planquée chez sa soeur jumelle. Elles échangeaient leur vie depuis l'enfance, personne ne le savait. Elles ignoraient que je le savais. J'ai toujours eu la manie de fouiner, d'épier. Elles avaient ainsi vécu au moins deux vies, avec deux maris, pleins d'enfants, deux métiers...
Elles ne se sont pas ennuyées. Louise et Simone. Deux sacrés numéros. Deux veuves aussi. Deux fois veuves ! Des veuves au carré quoi.
La formule... Oncle travaillait dans la savonnerie. Pas de secret d'état. Mais à Cachan, il y a l'ENS ! Avec des ordinateurs commasses ! Je me disais qu'Oncle nous cachait quelque chose, Oncle cachant à Cachan ! Donc il devait travailler sur des trucs relatifs à l'espace... Il fallait que j'écoute la bande, celle de ce qu'il chantait aux toilettes.
J'ai connu un savant qui, en dormant, avait les doigts qui bougeaient comme s'il écrivait ses formules mathématiques sur un clavier. J'aimais d'autant ça que je plaçais sa main sur mon sein... Je m'égare. Pas tant que ça, peut-être qu'oncle chantait sur ses recherches !
(Jasmi)

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Participants : VoctirHogu, Boom, Jérémy, Jean-Marc, L'Amalo, Guy, Jako, Caramelmou, monique szczebara, Jasmi
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