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28.04.2007

Chouquette, j'avais mis de côté pour toi...
Larousse
J'aimais nos discussions qui forçaient mon esprit à s'étirer.

Quels beaux souvenirs sont ancrés dans la bulle de ma jeunesse lorsque toi et Simone étiez nos cheftaines aux éclaireuses.
Quel bel exemple vous étiez pour nous et quelle chance nous avons eue...

Récemment, j'avais mis de côté pour toi un petit livre de Rimbaud "Pages Choisies", l'un de ces livrets de petit format que nous utilisions au lycée. J'avais travaillé autrefois quelques textes avec toi, "Voyelles", "Délires", "Le bateau Ivre"...
J'ai retrouvé toutes les annotations que nous y avions faites au crayon.
Avant d'étudier avec toi, il m'arrivait souvent, trop souvent, de lire, la tête dans la brumaille, sans chercher à percer le coeur des phrases, sans plonger dans les profondeurs des mots et de leur sens. Je traînassais sur la surface lisse des pages, ignorant les fonds et leur magnificence...
Avec toi je découvrais chaque jour plus encore que les mots parlent, crient, hurlent parfois, trichent souvent, peuvent brûler la peau et le coeur...
il y a un mois et demi environ, la dernière fois que nous nous étions vues, je t'avais raconté tout cela : Rimbaud, ton enseignement, les notes au crayon. Tu ne t'en souvenais plus.
Alors, j'avais mis de côté ce petit livret, pour te le montrer.

Malheureusement, je ne t'ai plus revue, j'ai dû partir en France à deux reprises, et toi, tu n'es plus là...

     "Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
     Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
     Un enfant accroupi plein de tristesses, lâche
     Un bateau frêle comme un papillon de mai."

Extrait du Bateau Ivre de Rimbaud


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