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Jerusalem Post, 12 décembre 2006

Le bal des casse-pieds

Stéphane Elkaïm

Artiste multiforme, Niki-Vered Bar a créé en observant ses semblables un personnage désopilant : le Bollog.
Claire Brétecher a ses frustrés, Cabu son beauf et Sempé son petit Nicolas. Niki Vered-Bar, elle, a ses Bollogs.
"Des Bollogs on en connaît tous, soutient-elle. C’est le technicien qui arrive des heures en retard pour faire la réparation, le chauffeur de taxi qui emprunte l’itinéraire le plus long, le type qui vous passe devant dans la file d'attente. Des gens agaçants que l'on voudrait éviter mais qui font forcément partie de notre quotidien".
Sur son site Internet tout juste mis en ligne (1), Niki a ainsi publié une douzaine de textes succulents décrivant les petits méfaits de ces casse-pieds ordinaires. Le Bollog n'est parfois qu'un rigolo un peu ridicule. Comme celui qui saute sur la pointe des pieds derrière une personne interviewée pour le seul plaisir de passer à la télévision. Ou plus gravement celui qui, résolu toute sa vie à "ne pas passer pour une poire", en vient à haïr son prochain.
Dans un style alerte et grinçant, Niki Vered-Bar met en scène ses Bollogs et donne ingénument quelques tuyaux pour s'en défaire. Au-delà de la douce satire sociale pointe une vraie tendresse et surtout un authentique sens de l'humour. "Ces personnages me sont venus en observant la société israélienne, raconte Niki. Je vis ici depuis trente cinq ans. Je connais donc tous les bons côtés des Israéliens mais aussi tous leurs travers. Cela dit, quand j'ai parlé de mes Bollogs israéliens à mes amis français, les gens m'ont dit : "mais on a les mêmes chez nous !"
Le Bollog appartiendrait ainsi de manière inhérente au genre humain. Indifféremment jeune ou vieux, homme ou femme, riche ou mendiant, il a traversé toutes les époques et toutes les frontières. "On est tous un peu Bollog, concède Niki Vered-Bar. C'est pourquoi chacun se sent concerné par les histoires que je raconte". Fine observatrice des moeurs de ses contemporains, la créatrice des Bollogs n'en garde pas moins un solide optimisme et un sincère amour de son prochain. En revanche, elle ne cache pas que la feuille blanche lui sert parfois de défouloir. "En y réfléchissant, confesse-t-elle, les histoires de Bollog me permettent d'exercer une petite vengeance. Quand quelqu'un a été particulièrement infect avec moi, j'évoque ma mésaventure sous forme de Bollog et cela me fait du bien".
Pour Niki Vered-Bar, L'envie d'écrire a été suivie de très près par celle d'être lue. Et coïncidence : ces derniers mois, pour des besoins professionnels, elle s'est familiarisée avec le langage de la création de sites Internet. Une occasion en or pour mettre en ligne ses drôles de petites histoires. Mais Niki n'est pas seule sur son site. Elle-même artiste peintre, elle héberge des oeuvres d'artistes, israéliens ou autres, désireux d'exposer virtuellement leurs oeuvres. Accrocher ses tableaux dans cette galerie d'art électronique est totalement gratuit et un millier d'internautes sont déjà venus visiter le site. "Pour moi, le plus difficile a été de maîtriser le langage HTML, souligne Niki. Au début, un URL je pensais que c'était une maladie ! Mais maintenant tout cela m'amuse beaucoup...».
écouter ses envies et tout faire pour les réaliser : c'est un peu la ligne de conduite que Niki Vered-Bar s'est fixée depuis toujours. Son alya elle-même tient un peu au hasard. "J'étais étudiante aux Arts Déco à Strasbourg et le midi je déjeunais à la cantine des étudiants juifs, se souvient-elle. C'est alors que j'ai entendu quelqu'un parler d'Israël autour d'un couscous. Cela a provoqué un déclic. Je suis allé voir mon directeur et je lui ai demandé si je pouvais aller étudier quelques mois en Israël. Il y était très favorable et c'est comme cela que j'ai atterri ici".
Inscrite – toujours par hasard – à l'école d'art Betsalel, Niki ne quittera plus Israël. Elle vit depuis 1971 à Jérusalem et se nourrit chaque jour de sa lumière et de sa richesse humaine. "Je n'ai jamais regretté ma décision. Au contraire. Je me suis toujours sentie bien sur cette terre, Israël et moi c'est une véritable histoire d'amour".

(1) www.nikibar.com

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