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UN BON MÉDECIN, C'EST QUOI AU JUSTE ?


knock
Knock ou le Triomphe de la médecine, 1923

Je suis autiste asperger, j'ai 70 ans et, depuis des tas d'années, j'éprouve des symptômes graves d'allergie féroce envers les médecins...
Notre santé dépend des médecins. Ce fait bien établi étant reconnu, voyons ce qui se passe au-delà de ça.

Qui est un bon médecin ?

♥  Celui qui ne se prend pas pour Dieu.

Celui qui possède cette humilité minimale qui lui permet de traiter le patient, non comme un petit animal qu'il faut éduquer ou comme un être inférieur qu'il faut dresser ou encore comme un soumis qu'il faut dominer, mais comme un être humain qui est de la même taille que lui.
Partant de ce principe que le médecin est doté d'humilité, il saurait donc se mettre à l'écoute de son patient, accepter qu'il ne sait quasiment rien sur lui et que, peut-être, le patient sait mieux que lui certaines caractéristiques de sa santé.
Il saurait donc reconnaître que, lui le médecin, peut faire des erreurs.
Donc, le bon médecin qui ne se prend pas pour Dieu saurait se mettre à l'écoute de son patient, serait capable de se mettre à sa hauteur et reconnaître d'éventuelles erreurs.

♥  Celui qui a de l'empathie.

On oublie souvent la place essentielle de l'empathie. Les jeunes étudiants qui entrent dans leur cycle d'études disent souvent que leur motivation est "d'aider les autres...", "soulager des souffrances". Puis, ils s'usent au rythme effréné de leurs cours. Ensuite, le diplôme en main, ils réalisent qu'ils deviennent dépendants d'une institution dont ils ne seront que les marionnettes : la Kupat Holim.
Ils deviendront dépendants de règles strictes qui les réduisent à l'état de pantins articulés par un gros porte-monnaie. Les patients deviendront des "clients", voire même du matériau organique sur lequel on travaille pour gagner sa vie en évitant d'user le matériel du grand patron.

♥  Celui qui a des connaissances professionnelles.

Il est bien évident que les médecins n'ont pas la science infuse, qu'ils ne maîtrisent pas tous les traitements, symptômes, maladies, médicaments...
Ils ont, bien sûr, le droit d'avouer que certaines pathologies leurs sont inconnues.
De même pour les traitements ou les médicaments.
Aucun problème ! Qu'ils vérifient. Les moyens technologiques ne manquent pas, aujourd'hui, pour vérifier telle ou telle lacune !
Mais, le médecin qui établit un diagnostic suite à une mauvaise compréhension ou qui se base sur un autre diagnostic que le sien, sans le vérifier, est potentiellement, un assassin.
C'est ce qui m'est arrivé récemment.
Un médecin avait, il y a quelques années, noté une donnée radicalement fausse en interprétant un ancien relevé qui était présent au début du dossier et ne concernait nullement l'ensemble de la pathologie. Cette notification – fausse – avait été reprise par le médecin traitant, qui la lisant, la prit comme valeur décisive, malgré mes contestations.
Aucune vérification, aucune remise en question.

♥  Celui qui comprend.

...que celui qu'il soigne, qui est là, maintenant, en face de lui, est fragile, vulnérable.
Peut-être souffre-t-il ? Peut-être a-t-il peur ? Peut-être ne sait-il pas bien s'exprimer ?
Peut-être ses mots ont-ils un autre sens ? Peut-être est-il désespéré ?
Le plus souvient, le malade attend de longs moments avant d'être reçu par le médecin. La secrétaire vous a dit de vous asseoir et d'attendre votre tour. Je respecte toujours la consigne, mais je ne peux m'empêcher de remarquer le nombre de gens qui passent avant moi alors que ce n'est pas leur tour.
(Une fois je l'avais fait remarquer à mon médecin : deux personnes étaient passées avant moi et il eut la bonté de souligner que oui, mais qu'ils étaient recommandés par le consulat, eux !)
Bref ! Enfin, c'est votre tour et vous entrez dans son cabinet.
Le plus souvent, le médecin reste collé à sa chaise, vous regarde à peine (ou même pas du tout), et ne vous parle pas (il est occupé avec l'ordinateur – vous êtes un fichier, n'oubliez pas.)
D'emblée, vous vous sentez mal à l'aise.
(Il m'est arrivé de rester debout une dizaine de minutes parce que le médecin ne me regardait pas et n'avait même pas remarqué que je restais debout : il ne m'avait pas invitée à m'asseoir !) Ensuite, souvent, le ton est froid, autoritaire, incisif, impatient : il vous demande pourquoi vous venez chez lui. Alors, vous commencez à raconter. Blablabla, mais il vous interrompt : son temps est précieux et il ne va pas le gaspiller avec des fadaises, venez-en au fait.
C'est très compliqué pour moi, je ne sais jamais ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Et je ressens une tristesse sans nom chaque fois que je lis un compte rendu médical où je lis : "le patient se plaint de ceci, de cela..." alors que je parlais d'autre chose...

♥  Celui qui connaît votre dossier.

Lorsque vous vous rendez chez votre médecin, je pense que vous appréciez qu'il se souvienne de vous. Au moins, qu'il ait vérifié dans votre dossier qui vous êtes. Surtout quand vous allez le consulter régulièrement. Plus encore lorsque cela fait déjà quelques années qu'il a l'honneur d'être votre médecin traitant...
En fait, cela se passe souvent différemment. Vous entrez dans son cabinet. D'accord, il doit s'occuper de centaines d'autres patients, et, le pauvre, on ne peut quand même pas lui demander de se souvenir des bobos de chacun, n'est-ce pas ? Pourtant, c'est quand même si agréable lorsque le médecin a pris la peine de rafraîchir sa mémoire d'un clic sur l'ordinateur et vous accueille en vous demandant si vous allez mieux et s'intéresse à votre cas... Ah oui ! cela demande un petit chouia de temps en plus...
Par la même occasion, j'aimerais préciser l'intérêt de votre vie sociale ou familiale...
Quoi ? J'exagère ? Comme si le médecin avait le temps de s'intéresser à autre chose que votre corps physique !!!

♥  Celui qui prend son temps...

Un bon médecin est à l'écoute de son patient et lui donne l'impression qu'il prend le temps qu'il faut pour ça.
Curieusement, il peut arriver qu'une visite chez le médecin dure longtemps, sans que le médecin vous consacre, personnellement, une seule minute.
Ah, cette attitude du Maître étudiant votre cas en fixant dubitativement l'ordinateur sans s'adresser à vous...
Vous, le patient, êtes assis là, en face lui, après avoir attendu deux heures dans la salle d'attente... Cinq minutes, dix minutes. Parfois il vous demande enfin pourquoi vous êtes venue. Mais comme il s'est beaucoup concentré sur l'ordinateur, ce que vous dites ne l'intéresse vraiment pas.
"Continuez donc le traitement habituel et revenez me voir dans un an ou deux..."

♥  Celui qui respecte qui vous êtes.

(Même si on est "différent"...)

♥  Celui qui vous soutient.

Quand vous sortez de chez lui, vous avez l'impression d'aller mieux.
Ou bien vous pensez que vous irez mieux.
Ou encore, vous savez que n'irez pas mieux mais, lui, le médecin vous soutient.

Et ça, c'est vraiment formidable !!!


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