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Les berceuses

Viviane Scemama Lesselbaum

Viviane Lesselbaum
Viviane Scemama Lesselbaum est née à Tunis en 1937. Mariée, trois filles, seize petits-enfants.
Formation: cours du soir accadémiques aux Beaux-Arts de Lyon, stages de gravure et formation à la Faculté aux ateliers d'écriture.
Expositions personnelles ou de groupes: Tunis, Paris, Lyon, Saint-Paul de Vence, Venise, San Luis Obispo, Pologne et Israël.
A publié trois ouvrages: "Les carnets de Pologne" en 1990, "Le passage", histoire d'une émancipation, sur les Juifs de Tunis en 1999 et "L'avant-dernier marrane" (nouvelles) en 2005.
Création d'une pièce de théâtre et animation d'un atelier d'écriture en 2009.




L'origine du mot berceuse

Le berceau
Le berceau (1873)
[Edma Pontillon, soeur de l'artiste]
http://fr.wikipedia.org/wiki/Berthe_Morisot
L'origine du mot berceuse vient probablement du terme gaulois "berz", action de bercer et relevé au 12ème siècle : "dès qu'il fu petiz en berz". Il est, aussi attribué à la nourrice dont la fonction principale est de bercer l'enfant.
Au cours des siècles il s'est attaché à l'objet qui est utilisé au bercement du bébé : berceau, berçante, bercelet ou petit berceau, bercelonnette berceau à baldaquin cerné d'un tulle et très utilisé dans les pays chauds pour éviter l'agression des mouches et des moustiques.
Le berceau est confectionné d'osier ou d'un bois léger précieux. Il s'articule sur des roulettes ou de lattes arrondies fixées de chaque côté pour faciliter le bercement. Pendant les premiers mois de sa vie, le bébé y fera ses siestes comme ses nuits.
Dans bon nombre de pays, le berceau, proprement dit, est inexistant.
Aux Indes, en Chine et au Japon, l'enfant est placé dans un hamac approprié et permet un balancement aisé.
En Afrique noire, la mère endort son bébé tout contre elle sur ses genoux, le tapotant vigoureusement ou l'enserrant d'un pagne, sur le dos, pendant les activités domestiques ou travaux des champs. En Afrique du Nord, la mère offre une dernière tétée et dépose l'enfant délicatement dans son lit ou alors le bébé s'octroie, en désespoir de cause, une place privilégiée entre le père et la mère. La plupart du temps la fonction d'endormissement est confiée à la grand-mère qui tapote légèrement le dos du bébé, tout en s'accompagnant d'onomatopées à peine audibles.
Dans les pays industrialisés, sur les recommandations de Pasteur, l'usage du berceau a pratiquement disparu au profit du lit aux montants sécurisés compliquant ainsi le désir de reprendre l'enfant et les bercements. Le lien maternel se délite avec l'apparition de la tétine en caoutchouc à l'odeur désagréable, emplie d'eau sucrée en remplacement des bras de la mère ou encore récemment du "doudou" ancêtre de la pièce en coton qui, il n'y a pas si longtemps, faisait office de couche que par souci d'hygiène nous faisions bouillir à l'eau javellisée sans qu'aucune berceuse ne parvenait à apaiser les irritations causées par l'abus de Javel ou enfin de la tristounette et répétitive boite à musique.

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Découverte de la berceuse

À partir du 4ème mois le foetus réagit aux musiques qui proviennent de l'extérieur, si la mère chantonne, accompagne des rythmes, ce qui va constituer un repère sécurisant dans son univers foetal et qu'il reproduira dans son langage, au sortir, sous forme de cris ou de pleurs.
"Berceuse pour un enfant à naître", de Mannick, auteur-interprète.

J
e sens que tu es là, enveloppe de nuit
J'écoute sous mes doigts mon ventre qui frémit
Je ne sais pas encore où cognera le fruit
Ni le cri de mon corps, en m'arrachant ta vie

Refrain :
Reste au creux de moi, mon enfant, mon tout petit
Reste au creux de moi, le voyage n'est pas fini

Je suis ton horizon, ta bouche et ta chaleur
Ma plus belle chanson, c'est le pas de ton coeur
Et quand revient le soir, tu m'offres la douceur
De tes sursauts bavards, et je t'apprends par coeur

(Refrain)

Tu glisses à travers moi jusqu'à l'orée du jour
Où tu t'échapperas à force d'être lourd
Tu es le prisonnier de mon toit de velours
Et je ne peux manquer ton rendez-vous d'amour

Dès la sortie du cocon maternel, où il a sévi quelques neuf mois, le bébé s'approprie les cris, la voix de la mère. Cette précocité à acquérir les sons prépare l'enfant à l'écoute des berceuses qui lui sont susurrées à voix basse qui sont accompagnées, la plupart du temps, de paroles sécurisantes, parfois terrifiantes ou d'onomatopées couvrant les cris ou les pleurs du bébé, allant decrescendo jusqu'à l'endormissement de l'enfant.
Pour revenir au doudou, Philippe Gransenne, pédiatre, auteur de "Bébé, qui tu es" paru aux éditions Marabout rappelle dans son ouvrage que l'enfanta besoin de cet objet transitionnel pour se détacher de sa mère.
Dans la même veine, le pouce que le foetus porte dans sa bouche lorsque l'on observe une échographie, ou le sein. Ces facteurs rassurants, nécessitent rarement l'accompagnement d'une berceuse.
La berceuse tend à disparaître d'avec la communication privilégiée avec la mère à partir de l'intervention du père dans la relation avec l'enfant.



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Construction de la berceuse

La Berceuse
La Berceuse
(William Bouguereau - XIXe siècle)
wikipedia
La berceuse est rarement construite sur une dimension culturelle, mais plutôt biologique. Comme une ritournelle, elle se décline à conduire progressivement le bébé de l'état de veille vers le sommeil et ce, selon le tempérament de l'enfant et pour certains au niveau d'excitation où il se trouve, ralentir la berceuse dès qu'un certain apaisement est perçu.
L'intonation plus que les paroles exprime l'émotion et rassure l'enfant.
La tradition orale l'emporte sur l'écrit et se perpétue de mère en fille.
Pratiquement toutes les berceuses ont été exprimées, chantées ou écrites par les femmes, seule plage où elles peuvent exprimer leurs peines, leurs angoisses, leurs attentes, leurs espoirs et se rassurer en chantant, en murmurant, à la limite se confier à l'enfant sorti de ses entrailles.
Rappelons que la berceuse nous ravit, nous émeut, nous interpelle, unique objet affectif qui nous accompagne tout au long de notre vie jusqu'à notre dernier soupir.

L
a vie toute entière n'est qu'une chanson
Chanson triste ou chanson joyeuse
Dis-nous de ta voix merveilleuse
Les mots dont nous nous berçons
Quand bébé s'endort
Et quand vient le soir
Quand bébé s'endort
Lentement un doux chant s'élève
C'est la maman qui, pour son trésor
Appelle les anges en rêve
Ecoutez, près des berceaux
Les voix qui chantent
Fais dodo mon chérubin
Jusqu'à demain
Pour calmer les petits chagrins
Chantait maman aux voix dolentes
Plus tard, quand on est grand
On n'oublie pas la chanson de maman.



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Berceuses du Maghreb et du Moyen-Orient

Envoi sur Internet signé : Futurpapa
Au Maghreb et au Moyen-Orient, les allusions à la nuit sont rares. Contrairement aux berceuses françaises, la nuit représente l'inquiétude. Elle est plutôt réservée aux chansons d'amour pour adultes. Les berceuses évoquent plutôt les jardins, le paradis, la lune, les gazelles, la rose, le lys, l'eau, les parfums, etc.

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Berceuse tunisienne

N
ani Nani, le sommeil vient
Ta mère est comme la lune
Ton père comme les étoiles
Et toi, la plus belle rose du jardin
Ta mère est en argent, ton père en cuivre.

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Berceuse kabyle (Algérie)

D
ors, dors mon bébé
Dors, dors ma toute douce
Grandis mon bébé
Sois la plus belle de toute.



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Berceuse libano-syrienne

D
ors, dors ô mes yeux
Ma fille est une graine dans un champ
Ô Salima, l'intelligente
Aux cheveux noirs sans pareil
Celui qui t'aime t'embrasse
Celui qui te déteste va avoir des problèmes
Allez, dors Salima, allez dors
Pour te sacrifier un pigeon.
Va, Ô pigeon, ne me crois pas
Je mens à Salima pour qu'elle dorme.



Quelquefois, nous rencontrons dans les berceuses orientales des marques d'attachement tenant à la personne qui les susurrent telles que : "mon coeur, ma vie, mon foie, la lumière de mes yeux, mon souffle". D'autres, sont rattachées aux mets et aux sucreries.

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Berceuse marocaine

D
ors, mon bébé
Jusqu'à ce que le repas soit cuit
Et s'il n'est pas cuit
Celui des voisins le sera
Dors, mon bébé
Jusqu'à ce que ta mère arrive
Le pain est sur la table
Les bonbons sont sur le plateau.



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Berceuse islandaise

Berceuse de Johann Sirgurjõnsson (1880-1919)

D
ors, mon jeune amour.
Dehors, la pluie pleure.
Maman range tes petits osselets
Dans ta boite à trésors.
Nous ne devons pas veiller
Par les nuits sombres.

Il y a beaucoup de choses
Que l'obscurité connaît.
Mon coeur est lourd.
Souvent j'ai vu le sable noir
Brûler la prairie verte.
Dans les glaciers résonnent
Des craquements profonds comme la mort.

Dors calmement.
Dors profondément.
Il vaut mieux dormir longtemps.
Le chagrin t'apprendra vite,
Tandis que le jour
Décline rapidement
Que les hommes aiment,
Perdent, pleurent et languissent.



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Berceuse française

D
oucement, doucement
Doucement s'en va le jour
Doucement, doucement
À pas de velours.

La rainette dit
Sa chanson de nuit
Et le lièvre fuit
Sans un bruit.

Doucement, doucement
Doucement s'en va le jour
Doucement, doucement
À pas de velours.

Dans le creux des nids
Les oiseaux blottis
Se sont endormis
Bonne nuit.



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Berceuse américaine

"Summertime", de Georges Gershwin (1898-1937)

C
Cest l'été et la vie est facile
Les poissons bondissent et le coton est haut
Oh ! Ton papa est riche et ta maman est belle
Alors chut ! Petit bébé, ne pleure pas.

Un de ces jours
Tu te lèveras en chantant
Puis tu déploieras tes ailes
Et tu te réfugieras dans le ciel
Mais d'ici là
Il n'est rien qui puisse te faire du mal
Avec papa et maman à tes côtés.



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Berceuse espagnole

Composée par Fédérico Garcia Lorca (1899-1936)

T
u t'endors déjà
Près de la rive, ta barque est de bois
Blanche princesse de nulle part,
Dors dans l'obscurité de la nuit
Corps et terre de neige.
Dors jusqu'à l'aube, dors !
Ton sommeil t'éloigne déjà.
Près de la rive, ta barque est de brume et de rêve.



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Berceuses iraniennes

Deux auteurs iraniens Gadamali Sarâmi et Mahnâz Rezaï se sont intéressés à la signification des berceuses. Voici leur analyse extraite de "La revue de Téhéran".
"Les berceuses sont généralement basées sur l'admiration de la mère pour son enfant."

Comme tes mains sont belles
Tes lèvres sont comme un bouton de fleur
Tes yeux sont très beaux.


Des promesses sont faites au bébé, le rythme des vers est le même, seul le contenu diffère.

Si tu dors tôt, si tu es sage
Je t'achèterai un bracelet ou une boucle d'oreille en or.


Dans les berceuses villageoises, les promesses sont différentes.

T
u seras un bon cultivateur
Tu auras un grand champ
Tu seras chef de village
Tu auras un troupeau de moutons et de vaches.


Dans le passé, les mères ne travaillaient pas hors de la maison. Parfois les plaintes étaient confiées à l'enfant.

T
on père est absent
On ne sait pas ce qui nous arrivera
On ne sait pas s'il peut pêcher un poisson
Et l'apporter à la maison
On ne sait pas s'il peut vendre le bois qu'il a fendu
Nous n'avons pas, toi et moi,
D'étoile dans le ciel.


Dans ce cas, la mère, qui sait que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elle dit, parle avec elle-même.
La berceuse, cette littérature miraculeuse, apaisante et somnifère est la première littérature pour l'enfant. Il profite de sa forme, de son rythme et de sa musicalité bien avant d'apprendre à parler et de commencer à marcher".

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Berceuses juives (Yiddish) de l'Europe de l'Est

Par Mireille Natanson, Docteur en musicologie. (Allemagne)
Près de soixante ans après la Shoah, les berceuses yiddish nous chantent aujourd'hui encore l'histoire et la culture d'une communauté disparue.
Leur contenu sociologique, psychologique, éducatif et leur couleur musicale spécifique en font un trésor exceptionnel.
Dans cette culture populaire, essentiellement orale, les mots portent en eux une force puissante et sont l'outil de la transmission.
Ils traduisent les émotions, surtout dans les chansons, à plus forte raison dans les berceuses.

Les objets ici nommés forment des rimes amusantes avec les parties du corps.

D
ors, dors, dors, ton père va aller au village
Il te rapportera une pomme et ta tête sera guérie.
Il te rapportera une noix et ton pied sera guéri.
Il te rapportera un canard et ta main sera guérie.
Il te rapportera un lapin et ton nez sera guéri.
Il te rapportera un oiseau et tes yeux seront guéris.


Souvent les promesses et les menaces alternent, selon que la mère sait intuitivement doser.

D
ors, mon enfant, dors,
Dors, mon enfant, dors.
Là-bas dans la ferme
Il y a un mouton blanc
Il veut mordre mon enfant.
Le berger arrive avec son violon
Il rassemble les moutons.


Dans les berceuses, les cadeaux qu'on promet à la fille sont alors du linge, des vêtements, une bonne dot, voire même une robe de mariée.
Sa vie future lui est décrite, avec le travail de la maison et des enfants. Souvent, elle devra gagner de l'argent en travaillant dans une boutique ou en faisant de la couture chez elle, car son mari qui étudie longtemps ne rapporte rien à la maison.
L'exemple suivant montre les préoccupations de la mère pour l'avenir de sa fille :

T
u auras une bonne réputation,
Tu sauras prier, lire, et écrire en yiddish,
Lire des livres en yiddish,
Coudre et broder des foulards,
Tisser des foulards
Et donner à tous de bons conseils.
Le fiancé de Sarah sera un sage du Talmud,
Un érudit aux grandes facultés.
Le fiancé de Sarah saura résoudre des problèmes savants,
Il saura tous les résoudre.
A son mariage, il tiendra un discours,
Il s'avancera avec dignité vers le baldaquin de mariage
Et il plaira à tous les invités.


(Si vous me le permettez, je fais digression sur le sujet.
Pour compléter le souci de la mère envers ses filles plus particulièrement, je rappelle cette berceuse insolite, à consonance chrétienne et qui a bercé notre sommeil ; encore aujourd'hui, les mères juives tunisiennes prétendent fredonner cette berceuse qui s'est immiscée, on ne sait comment, dans notre culture judéo-arabe. V. Scemama-Lesselbaum.)

D
odo Ninette
Sainte Elisabeth
Endormez-moi cette enfant
Jusqu'à l'âge de quinze ans
Quinze ans se sont passés
Il faudrait la marier
Une chambre pleine d'amandes
Un marteau pour les casser
Et Ninette pour les manger.


A la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle on assiste à un changement de contenu et de tonalité dans les berceuses qui correspond à un appauvrissement de la population juive, vouée souvent à une existence précaire.
"Garde tes larmes" de Mordechaï Gebertig (1877-1942)

N
e pleure pas, ne pleure pas, petit orphelin,
Garde tes larmes même si tu es malheureux.
La vie ne t'apportera que des souffrances,
C'est pourquoi il n'est pas bon que les larmes manquent.
Garde tes larmes comme des diamants.
Tu auras un jour bien besoin
Quand ton coeur sera prêt à déborder
Laisse couler de tes yeux une larme.


Quand l'étau se resserre sur les communautés des Juifs des pays de l'Est, menacés dans leur existence même par les persécutions, les berceuses qui nous sont transmises restent très nombreuses.
Comme si l'enfant devenait l'objet particulier de l'attention, des soucis, de la pitié de la mère.
Elles n'ont pas le droit de garder leurs bébés avec elles. Ceux-ci sont cachés et les mères chantent le danger : l'enfant doit se taire sous peine d'être découvert.

Mordchai Gebirtig est né à Cracovie en Pologne le 4 mai 1877. Il est mort au ghetto de cette même ville le 4 juin 1942 abattu d'une balle dans la nuque pour avoir refusé l'ordre de déportation.
Nul ne peut rester insensible à l'émotion qui se dégage du Ponar lied : "schtiler, schtiler". Personnellement, je relèverai cet extrait qui concerne plus particulièrement l'enfant.
La "Chanson de Ponar" évoque l'assassinat de 70 000 juifs du ghetto de Vilnius, la Jérusalem du Nord, dans la forêt de Ponar situé à huit kilomètres de Vilnius en Lituanie.
Schtiler veut dire : silence, demandé aux enfants dans les camps.

S
ilence, silence des sources éclosent dans mon coeur.
Jusqu'à ce que les portes soient fermées
Nous devons être muets.
Ne te réjouis pas mon enfant, ton rire pourrait nous trahir.
L'ennemi ne doit pas survivre au printemps,
Pas plus qu'une feuille ne survit à l'automne.
Laisse les sources couler tranquillement,
Sois silencieux et espère
Que la liberté ramènera ton père.
Dors, mon enfant, dors,
Comme la Wilia libérée,
Comme le renouveau des arbres,
C'est la lumière de la liberté
Qui illumine ton visage.



Berceuse Yiddish (texte transmis par Henri Valachman)

D
ans un coin brûle un petit feu
Et dans la maison il fait chaud
(bis)
Dans un petit coin est assis un petit rabbin
Qui apprend guimel aleph baiz
(bis)
Qui apprendra le mieux, gagnera un drapeau
Guimel aleph baiz
(bis)


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Berceuses désagréables, menaçantes ou traumatisantes

Certaines berceuses sont parfois négatives ou désagréables.
Elles évoquent des êtres méchants, effroyables comme le croquemitaine en France ou le Babaou en Tunisie, personnage non identifié jusqu'à nos jours, sinon dans l'imaginaire ou par le ton menaçant que prend la mère en prononçant ce mot.
"Dors, enfant noir", d'Atahualpa Yupanqui, 1908-1992 (Argentine)

D
ors, dors enfant noir,
Pendant que ta mère est aux champs, enfant noir.
Elle va apporter des cailles pour toi,
Elle va apporter des fruits savoureux pour toi,
Elle va apporter de la viande de porc pour toi,
Elle va apporter plein de choses pour toi,
Et si le noir ne s'endort pas,
Viendra le diable blanc,
Et zas, croquera tes petites pattes.
Chacapumba,chacapumba,chacapumba.

Dors, dors enfant noir,

Travaillant, travaillant durement (travaillant oh oui !)
Travaillant habillée de deuil (travaillant oh oui !)
Travaillant en toussant (travaillant oh oui !)
Travaillant sans être payée (travaillant oh oui !)
Pour l'enfant noir tout petit (travaillant oh oui !)
Habillée de deuil oh oui !
En toussant oh oui !
Sans être payée oh oui !
Durement oh oui !

Dors, dors enfant noir.



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Berceuse (brève) russe

D
odo, dodo, dodo
Ne te couche pas au bord du lit
Sinon un grand loup viendra
Et il te mordra.



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Berceuses particulières

"Fais dodo, Colas mon petit frère"
1ère version

F
ais dodo Colas mon petit frère
Fais dodo tu auras du lolo

Maman est en haut
Qui fait des gâteaux
Papa est en bas
Qui fait du chocolat

Refrain

Si tu fais dodo
Maman vient bientôt
Si tu ne dors pas
Papa s'en ira.



"Fais dodo, Colas mon petit frère"
2ème version

F
ais dodo Colas mon petit frère
Fais dodo tu auras du lolo

Maman est en haut,
Qui fait du gâteau,
Papa est en bas,
Qui fait du chocolat

Refrain

On fait la bouillie
Pour l'enfant qui crie,
Et tant qu'il criera
Il n'en n'aura pas.



Pour terminer avec ce genre, assez particulier, de berceuses, voici l'une des plus fameuses du poète russe Mikhaïl Lermontov (1814-1841) dédiée, apparemment, aux enfants et dont le plus célèbre passage est le suivant : "Le méchant tchétchène rampe sur la berge, aiguise son couteau".
Les passages quelque peu guerriers et qui n'ont rien à voir avec une berceuse ne sont pas chantés dans cette version.
Néanmoins, ils sont fréquemment cités.

D
ors, mon enfant, dors, mon joli,
Do-do, do-do.
Doucement la lune se penche
Sur ton berceau.
Je vais te dire des légendes,
Chanter pour toi.
Mais dors, ferme tes petits yeux,
Do-do, do-do.



Passages omis (extraits) :

L
e tchétchène, sournois, aiguise sa lame.
Mais ton père, le vieux guerrier est endurci.
Dors, mon petit, dors, n'aie point peur.
Tu apprendras à guerroyer.
Hardi, tu chausseras l'étrier, tu t'armeras.
J'ornerai ta selle de guerre de soie brodée.
Dors, mon enfant, dors, mon chéri.
Do-do, do-do.

Héros d'aspect, sois dans ton âme
Un vrai Cosaque !
Je sortirai. Tu me feras
De loin adieu.
Ah ! Que de pleurs amers, secrets,
Cette nuit-là !
Dors, mon ange, sans bruit, tout doux.
Do-do, do-do.


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Mélodies du sommeil

La mélodie du sommeil est chantée par une seule personne, qui n'est pas accompagnée d'un instrument.
Son mouvement est régulier, son rythme simple et exprimé dans une tessiture plutôt grave.
Une mélodie descendante ramène la détente.
Les tonalités sont essentiellement mineures, signe de repos, de mélancolie, voire de tristesse.
Elles peuvent être empruntées aux mélodies des contrées où vivent les communautés, d'où en général, leur caractère slave ou oriental.

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Les berceuses à travers les musiciens classiques

Les grands musiciens ont su composer des berceuses pour leurs enfants et ceux de leurs proches.
Si le nom de "berceuse" fait immédiatement penser à la berceuse en Ré bémol Majeur de Chopin, la berceuse sur un vieil air de Bizet, la berceuse de Donizetti, "le marchand de sable" de Brahms, la berceuse de Solveig de Grieg, "dors ami" de Massenet l'on découvre vite qu'il y en a bien d'autres.
Certains mouvements d'oeuvres classiques tels que la romance de "la petite musique de nuit" de Mozart, les adagios des concerti pour piano et orchestre de Mozart et de Beethoven, sans oublier le "somnifère" adagio d'Albinoni peuvent apaiser les petits, même les plus agités.

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La berceuse de Charly-Chalom

Charly-Chalom (Charly Lellouche), ingénieur chimiste de son état, a fait son alya il y a quelques années.
En 2004 il a écrit, en français, cette berceuse qu'il considère franco-israélienne :
Dors bébé, dors

D
ors, bébé dors, contre ma joue,
Mon enfant dors sur tes joujoux.
Dors, bébé dors, contre ma peau,
Mon enfant dors, petit oiseau.

Papa sifflote doucement,
Et de ses doigts caresse ton bras,
Maman fredonne, en murmurant,
Tout près de toi chante tout bas :

Dors, bébé dors, ma source d'eau,
Mon enfant dors dans ton berceau.
Dors, bébé dors, petit ruisseau,
Mon enfant dors près des roseaux.

Papa sifflote doucement,
Et de ses doigts caresse ton bras,
Maman fredonne, en murmurant,
Et près de toi chante tout bas :

Dors, bébé dors, la lune luit,
Mon enfant dors car il fait nuit.
Dors, bébé dors, contre ma joue,
Mon enfant dors sur mes genoux.

Maman te parle d'une douce voix,
Papa s'en va à petits pas,
Chacun te garde au fond de soi,
On n'est pas loin, ne t'en fais pas.

Dors, bébé dors, contre ta joue,
Mon enfant dors sur tes joujoux.


Écouter la berceuse

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Terminons par un sourire

Berceuse vénézuélienne chantée... sur l'hymne national !

D
ors, mon enfant, car j'ai à faire
Laver les langes, te donner à manger.
Dors, mon enfant, car j'ai à faire
Laver les langes et te donner à boire
Cet enfant veut que ce soit moi qui l'endorme,
Que l'endorme la mère qui l'a porté
Cet enfant veut que ce soit moi qui l'endorme
Que l'endorme la mère qui l'a porté.


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BIBLIOGRAPHIE

Établie par Viviane Scemama Lesselbaum (Netanya)
- Gransenne Philippe : "Bébé, qui tu es". Editions Marabout
- Comptines et berceuses juives du jardin d'Eden, collectage : Nathalée Soussana. "Comptines du monde". Editions Didier Jeunesse.
- La revue de musicothérapie. Vol.XVII N°2/3. 1997.
E. Stork : "Berceuses et bercements à travers les cultures".
- Berceuses yiddish, images d'enfances et miroir d'une culture perdue.
Par Madame Mireille Natanson, Docteur en musicologie, diplômée de kinésiologie musicale. Dionysiusstr.2a D-34431 Marsberg (Allemagne).
- La berceuse iranienne, une littérature féminine par Gadamali Sarâmi et Mahnâz Rezaï. La revue de Téhéran.
- Berceuses des musiciens classiques. Editions Bayard.

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Commentaire :

(Mail adressé à Viviane Scemama Lesselbaum :)
Chère madame,
Merci de votre mail, nous sommes heureux que cet article vous ait été utile dans votre recherche sur les berceuses que nous avons lue, et qui est très riche et intéressante.
Les auteurs sont un iranien (Gadamali Sarâmi) et une iranienne (Mahnâz Rezâi).
En vous souhaitant beaucoup de réussite dans la suite de vos recherches.
Écrit par : Revue de Téhéran | dimanche, 29 novembre 2009

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Berceuses du monde


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viviane.lesselbaum@gmail.com



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